Roland Garros – Gulbis: « Je veux gagner un tournoi du Grand Chelem. Le reste, je m’en fous »


On ne l’attendait pas à ce stade de la compétition, et pourtant, Ernests Gulbis fait bien partie du dernier carré de Roland Garros. Après s’être offert Roger Federer, le Letton poursuit son aventure parisienne en sortant Tomas Berdych en trois petits sets 6/3, 6/2, 6/4. Retour sur un parcours atypique.

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( Images)

Fils de parents (très) aisés, et surnommé le ‘petit prince du tennis’ par de nombreux journalistes, Ernests Gulbis avait tout pour arriver au plus haut niveau. Mais le Letton ne l’entendait pas de cette oreille. Entre sexe, fiestas, alcool, et bien d’autres choses pas très catholiques, le jeune homme avait bien d’autres priorités que de faire de son tennis le meilleur du circuit. Et malgré son classement d’alors, il n’hésitait pas à dire ce qu’il pensait de ses pairs. « Le tennis actuel manque cruellement de caractères. Je respecte Roger (Federer), Rafa (Nadal), Novak (Djokovic) et Murray, mais, pour moi, ce sont tous les quatre des joueurs ennuyeux. Leurs interviews sont ennuyeuses. Honnêtement, ils sont chiants » avait-il déclaré l’an passé à l’Equipe. Plus récemment, lors de son premier match à Nice, ses coups de colère ont passablement agacé son adversaire, Martin Klizan. Lors de la poignée de mains, le Slovaque n’a d’ailleurs pas manqué de susurrer à l’oreille du Letton: « On dit que tu as changé, je crois que ce n’est pas le cas ». Indifférent au possible, voilà la réponse de l’intéressé: « J’ai construit ma victoire. Je l’ai énervé. Cela a fonctionné en ma faveur. Ça fait un ami de moins sur le circuit. » Si son caractère bien trempé est toujours présent, aujourd’hui, il semblerait que le jeune homme ait tenu sa parole et ait laissé sa période fantasque derrière lui. Preuve en est avec ses performances réalisées ces derniers jours à Roland Garros. Dans l’ombre des favoris ou des exploits réalisés par les Guillermo Garcia Lopez ou autre Muguruza, Ernests Gulbis se fraye doucement, mais sûrement, un chemin vers la gloire.

L’exploit
Allant de déception en déception au fil des mois, voire des années, Ernests Gulbis a balayé d’un revers toutes les mauvaises appréciations qui lui ont été attribuées. Opposé à Roger Federer au 4ème tour, on ne donnait pas cher de notre ami Letton. A tort. N’ayant rien à perdre, l’actuel 17ème mondial a tenté le tout pour le tout en laissant parler son talent naturel. Doté de l’un des revers à deux mains les plus puissants du circuit, Gulbis a bien fait souffrir le Suisse. A tel point que ce dernier n’a rien pu faire pour se sortir de ce piège. Mais l’ex n°1 mondial n’a pas été le seul à vivre un supplice. La pauvre raquette d’Ernests Gulbis en a elle aussi bavé. « J’ai du respect envers chaque court, vous savez. Je dois casser au moins une raquette sur chaque court de la planète. Je ne pouvais pas me permettre de manquer de respect au Central » plaisantait-il à l’issue de sa rencontre.

ERNESTS AFP(@AFP/Miguel Medina)

Blague à part, les choses sérieuses ont repris aujourd’hui. Face à Tomas Berdych, le Letton était attendu au tournant. Et ce fut avec brio qu’il a relevé ce nouveau défi. Sans laisser la moindre chance au n°6 mondial qui n’est jamais véritablement rentré dans la partie, le jeune joueur a confirmé sa progression que tout le monde attendait depuis de nombreuses années. Une performance qui lui permet d’atteindre pour la toute première fois de sa carrière les demi-finales d’un Grand Chelem.

Et maintenant ?
Pour sa première fois à ce stade de la compétition, Gulbis aura l’honneur d’affronter le n°2 mondial, Novak Djokovic. Un rendez-vous que le Letton doit avoir à cœur de préparer correctement…ou pas. « Je crois que je vais en profiter pour sortir ce soir et fêter ça ! » confiait-il au micro de Cédric Pioline après sa victoire du jour. Chassez le naturel, il revient au galop, n’est-ce-pas ? Mais rassurez-vous, le jeune joueur compte bien se payer le luxe de sortir la tête de série n°2 de la compétition, et bien plus encore. « Mon objectif est de gagner un jour un tournoi du Grand Chelem. Le reste, je m’en fous complètement. Que je sois 20e, 50e ou 100e mondial ne change rien à ma vie. Pareil pour les tournois 250, 500 et même les Masters 1000. Ce n’est pas pour moi. Moi, je suis un “maximaliste” : soit j’atteins le top du top, soit je resterai insatisfait. Entre les deux, cela n’a aucun intérêt. » Voilà qui est dit.

Charlotte Ezdra

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