Dimitrov à pas de géant


Grigor Dimitrov fait enfin son entrée chez les grands. A Madrid, le Bulgare a signé sa plus belle victoire en sortant le numéro 1, Novak Djokovic, en trois sets 7/6(6) 6/7(8) 6/3 au terme d’un match truffé de rebondissements.

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Ne l’appelez plus Baby Fed! Las de s’entendre coller ce surnom à tout va, Grigor Dimitrov a piqué le coup de sang à Madrid mardi soir. Et avec la manière! Devant un public entièrement acquis à sa cause, le Bulgare a fait étalage de tout son génie pour écoeurer Novak Djokovic. Mission accomplie.

Interrogé dimanche dernier sur son adversaire, le numéro 1 mondial savait pourtant à quoi s’attendre. « C’est un joueur très talentueux. Avec son style de jeu on pourrait penser qu’il est plus à l’aise sur surface rapide mais il vient de prouver à Monte Carlo face à Rafael Nadal qu’il peut rivaliser avec les meilleurs sur terre. Et puis du fait de l’altitude ici à Madrid, les serveurs et les joueurs agressifs sont favorisés. Dimitrov peut être très dangereux sur cette surface. Je ne veux absolument pas sous estimer mon adversaire ». Le Serbe aurait effectivement eu tort de ne pas se méfier. Croyant d’abord avoir remporté la première manche sur le score de 6/4 sur une faute de Dimitrov, le numéro 1 mondial se voit annoncer que la balle de son adversaire touche la ligne. Dimitrov recolle alors à 5 partout et réalise le break dans la foulée. Rattrapé par l’événement, il se fait rapidement ravir son service et se voit poussé jusqu’au tie break. Mais surprise, cette fois, le jeune Grigor est bien décidé à ne rien lâcher. Aux angles démoniaques de Djokovic répondent les accélérations de coups droit fulgurantes du Bulgare. Dimitrov empoche le tie breal 8 points à 6. Dans la deuxième manche, il continue sur sa lancée et s’offre le break pour mener 4/2. Alors que le numéro 1 mondial a la possibilité de débreaker, il s’arrête en plein point et grimace. Il vient de se tordre la cheville droite, la même qui le faisait souffrir depuis la Coupe Davis.

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Et puis, tout bascule. Après un arrêt de dix minutes pour traitement médical, le jeu reprend. Djokovic refait son retard. De nouveau à 5 partout, Dimitrov se voit rattrapé par son physique. Perclus de crampes, il s’emploie pour amener son adversaire jusqu’au tie break et s’offre même une balle de match. Furieux, Djokovic revient à une manche partout et assaille le public de quelques noms d’oiseaux dans sa langue maternelle. On voit alors mal comment Dimitrov pourrait s’en sortir. Et pourtant, après avoir sommé son clan de lui fournir de la nourriture à plusieurs reprises, Le Bulgare retrouve l’énergie pour breaker d’entrée le Serbe. Dans une ambiance digne de Coupe Davis, poussé par les hurlements du public, Dimitrov conserve son avantage jusqu’à la fin. Trois semaines après avoir poussé Rafael Nadal dans ses derniers retranchements à Monte Carlo, Il décroche enfin sa première victoire sur un membre du big 4, et pas des moindres, le numéro 1 mondial lui-même.

Djokovic sorti sous les sifflets

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La pause de dix minutes pour traitement médical, le public madrilène ne l’a jamais digérée. Pendant toute la moitié du deuxième set et l’intégralité du troisième, les spectateurs de la Caja Magica ont tenu à faire entendre leur mécontentement au Serbe en le sifflant. Et c’est dans la même ambiance hostile que le numéro 1 mondial a quitté le court à la fin du match. « Je ne comprends pas pourquoi le public était contre moi, ni pour quelle raison. Mais c’est comme ca. Je suis un joueur professionnel, j’ai déjà vécu ce genre de situations et en vivrai certainement d’autres » Tactique anti-sportive ou pas, on a pourtant vu le jeu de jambes du Serbe se détériorer au fil du match. L’explication ? « Physiquement, je ne me sentais pas très bien, je ne m’étais pas si bien préparé. Je n’ai pas touché une raquette pendant 12 jours après la finale de Monte Carlo à cause de ma cheville. Jusqu’à samedi dernier, je ne savais pas si j’allais participer à ce tournoi. Mais, même si je sors sur une défaite, je pense avoir pris la bonne décision. Je vais vite oublier et passer à autre chose ». Quant à sa cheville, Djokovic estime qu’il y a eu plus de peur que de mal: « Heureusement pour moi, il ne s’est pas vraiment passé grand chose pendant ce deuxième set. Ma cheville était très bien protégée. La seule bonne nouvelle c’est que je n’ai pas aggravé ma blessure avant Rome et Paris ».

Dimitrov plus lucide que jamais

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Les larmes aux yeux, le Bulgare est allé remercier son clan. Grigor Dimitrov n’a désormais plus rien d’un bébé. Fermement décidé à tracer son propre chemin, le jeune homme sait qu’il lui reste encore beaucoup à accomplir, notamment au niveau physique pour éviter les crampes: « Voyons les choses du bon côté, cette fois je ne rampais pas sur le court. Ca évolue dans le bon sens. Je ne pense pas que ce soit lié au stress, ce sont juste quelques muscles qui se mettent à poser problème à un moment donné, il faut trouver une solution ». Loin de toute euphorie, c’est bien un sentiment de lucidité qui prédominait chez ‘Grisho’ au moment de faire le bilan de son match: « C’est juste un match et une victoire au second tour, une bonne journée au bureau, rien de plus » plaisantait-il en conférence de presse. « C’est toujours super de gagner un match comme ça. Il est numéro un mondial. C’est donc un sentiment fort (…) J’espère être capable de recommencer au prochain match ».

Écrit par Adeline Auger

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