Affaire John Tomic : Drouet témoigne


John Tomic était entendu hier par la justice madrilène après avoir agressé le sparring-partner de son fils samedi dernier dans la capitale espagnole. Il aurait plaidé la légitime défense. Un jugement pénal sera rendu le 14 mai prochain.

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On entend souvent parler des difficultés que rencontrent les joueurs classés au delà du top 100 pour gagner leur vie. Mais on oublie souvent que certains entraineurs, préparateurs physiques ou sparring-partners ont aussi beaucoup de mal à joindre les deux bouts. C’est le cas du monégasque Thomas Drouet, 29 ans, anciennement classé -15. Pourtant, en rejoignant le clan Tomic en novembre dernier pour assister le jeune Bernard dans ses entraînements, Drouet pensait enfin entrevoir le bout du tunnel. En six mois de collaboration, il n’aura malheureusement pas endossé d’autre rôle que celui de souffre douleur. De sa tentative de rébellion à sa mise à terre à Madrid, il raconte aujourd’hui son calvaire dans les colonnes de l’Equipe.

Un père impulsif et violent

« Mardi dernier, pendant un entrainement à Monaco, John Tomic a tapé son fils. J’étais témoin. Il lui un mis un coup de poing dans la tête. Bernard saignait de la bouche et des dents. Ca pissait le sang sur le terrain. Tout ca parce que Bernard venait de lui dire qu’il en avait marre de l’entendre le pourrir (…) Une demi-heure plus tard, il blaguait avec Bernard ». Un schéma classique chez John Tomic si l’on en croit la suite des propos de Drouet. « J’avais déjà vu John empoigner son fils quand j’étais dans leur maison en Australie en janvier ».

La goutte de lait qui fait déborder la bouteille

Arrive ensuite l’affaire Madrid. Le jour du départ pour la capitale espagnole, Thomas Drouet passe prendre John Tomic chez lui. « Va me chercher du lait ! » lui ordonne l’Australien. Faute de temps, Drouet lui explique que c’est impossible. « Pourquoi tu n’es pas allé me chercher du lait ? T’es stupide. Tu vas avoir des problèmes ! ». Ulcéré, Drouet décide de tirer les choses au clair. « Maintenant, tu arrêtes de me parler comme à un chien j’en ai marre ». John Tomic menace alors de lui exploser la tête et se donne en spectacle une fois arrivé à l’aéroport de Nice. « T’es viré. Tu ne viens pas à Madrid ». Bernard Tomic s’interpose et prend fait et cause pour son sparring quand son père lui assure que c’est Drouet qui a commencé: « Tu mens. Je crois Thomas. Il vient avec moi à Madrid ».

Un règlement de compte prémédité

« On va régler ca à Madrid quand tu ne seras plus dans ton pays ». Aussitôt le pied posé sur le sol madrilène, John Tomic met ses menaces à exécution et invite Drouet à le rejoindre dans un endroit reculé. « Il me crache au visage. Je m’essuie c’est tout. Je pense qu’il cherchait à ce que je l’agresse en premier. Je ne bouge pas et là il me met un gros coup de boule. Je m’écroule. J’ai crié une fois au secours, j’ai un peu convulsé et j’ai perdu connaissance ». Josko, le préparateur physique de Bernard Tomic et le père d’Aleksandr Dolgopolov viendront ensuite lui porter les premiers secours.

Il y a encore quelques années, Thomas Drouet servait de sparring-partner à Rafael Nadal à MOnte Carlo (ici en 2009). Depuis... les choses ont bien changées.

Il y a encore quelques années, Thomas Drouet servait de sparring-partner à Rafael Nadal à Monte Carlo (ici en 2009). Depuis… les choses ont bien changé.

Sanction exemplaire pour ce « pervers manipulateur » ?

« Je veux faire comprendre que cet homme est dangereux, violent et imprévisible ». Voilà certainement ce que le tribunal retiendra lorsqu’il rendra son jugement pénal le 14 mai. Et aux nombreux éléments apportés par Thomas Drouet pourrait même s’ajouter un faux témoignage de la part de John Tomic. « Au tribunal, John était là. Son avocat est d’abord venu me dire qu’il reconnaissait tout. Mais quand il a compris que j’allais demander davantage que les 3000 euros de préjudice maximum permis par cette juridiction (on parle de 50000 euros), il a dit qu’il était innocent. C’est un fou, un pervers manipulateur ». John Tomic plaide désormais la légitime défense, affirmant que c’est Drouet qui l’a agressé en premier lieu. De son côté, l’ATP attendra probablement le verdict de cette audience pour appliquer les mesures nécessaires contre John Tomic si ce dernier venait à être reconnu coupable. « Je veux tout raconter pour que l’ATP et l’ITF bannissent John ». La WTA pourrait également avoir son mot à dire car Bernard Tomic a également une petite sœur : Sara Tomic, 15 ans, une des plus prometteuses juniors du tennis australien. « Bernard est otage. Il a développé un syndrome de Stockholm. Je suis sûr que John fait tout pour que Bernard ne joue pas trop bien. Sinon, il risquerait de ne plus avoir besoin de lui ».

Sans emploi

Dans cette affaire, Thomas Drouet aura trinqué. En plus des dommages corporels subis, il se retrouve sans emploi. « John n’a jamais voulu me faire de contrat. Plus ca allait, plus les primes qu’on avait discutées baissaient. Bien sûr, plein de gens m’avaient conseillé d’arrêter avec lui. Mais bon, je suis divorcé, j’ai un fils, un crédit à payer… J’ai tout laissé pour aller chez les Tomic. Je n’ai plus rien ». Ancien candidat à l’élection de Mister France, le Monégasque ne pourra même plus compter arrondir ses fins de mois en participant à quelques défilées de mannequinat. « Je gagnais aussi un peu d’argent comme ça, mais, là, avec ma gueule… C’est compromis ». Un mal pour un bien ? Thomas Drouet verra peut être fleurir les propositions d’emploi une fois sa situation rétablie (les médecins parlent déjà de quatre à cinq semaines d’arrêt). C’est tout le mal qu’on lui souhaite !

Écrit par Adeline Auger

À consulter aussi: Le père de Tomic perd le contrôle

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