Fognini: « Je peux rivaliser avec n’importe qui »


Son caractère bien trempé lui a souvent valu bien des déconvenues. Pourtant, derrière ses airs d’Italien nonchalant se cache un joueur capable d’aller chercher deux premiers titres coup sur coup et gagner plus de 30 places au classement en une saison. Pour Tennis Trotteur, Fabio Fognini dresse le bilan de son année 2013 et évoque les progrès qu’il lui reste à faire pour faire partie des tout meilleurs.

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Tennis Trotteur: 2013 touche à sa fin, tu termines la saison à la 16ème place mondiale. Le bilan est plutôt positif puisque tu as gagné ton premier titre à Stuttgart avant d’enchaîner par un autre à Hambourg et faire une finale à Umag. Que retiens-tu de ces trois folles semaines?

Fabio Fognini: J’en garde d’excellents souvenirs. Ca m’a fait beaucoup de bien après un mois de juin assez catastrophique. Cela faisait tellement longtemps que j’attendais de gagner un tournoi. J’avais le niveau pour, il ne manquait plus que la bonne occasion se présente. Ces trois semaines ont vraiment été magiques, elles resteront à tout jamais gravées dans ma mémoire.

Q. Avant ces deux titres, tu avais également fait de bons résultats à Acapulco et Monte-Carlo. Penses-tu pouvoir continuer sur cette lancée et aller titiller les meilleurs joueurs en 2014?

F.F: Bien sûr. Si je me sens bien physiquement je peux rivaliser avec n’importe quel joueur. Chaque match est différent, il faut s’y investir à 100% et tout donner.

Q. Cette belle progression, tu la dois en grande partie au travail réalisé par ton entraîneur, José Perlas. Que t’a-t-il apporté de nouveau? Qu’a-t-il changé dans ta façon de voir le tennis?

F.F: Avoir un bon entraîneur compte énormément, c’est primordial. José est l’un des meilleurs dans ce domaine. J’ai beaucoup changé et mûri à ses côtés. C’est un très grand professionnel, il attache beaucoup d’importance aux moindres détails et passe beaucoup de temps à corriger ma technique.

Fabio Fognini RG 1(Lors d’un entraînement à Roland Garros avec José Perlas – 2013)

Q. L’attention des médias à ton égard a sûrement augmenté après une bonne saison comme celle-ci. Cela change-t-il la façon d’appréhender les tournois?

F.F: C’est sûr. En Italie, aucun joueur n’avait réussi à intégrer le top 20 depuis Barazzutti*. Il y a énormément de pression sur mes épaules mais j’essaie de ne pas y prêter attention. Quand je rentre sur le court, j’essaie juste de faire mon travail, de donner mon maximum en faisant abstraction de tout ça.

Q. Tu es capable du meilleur comme du pire. Tout le monde se souvient encore de ce dernier jeu de service catastrophique contre Radek Stepanek au 1er tour du masters 1000 de Cincinnati. Nous réserve-tu d’autres perles de ce genre pour la saison à venir?

F.F: Pfff… En août je suis complètement passé à côté de ma tournée américaine. J’étais crâmé, j’avais tout donné au mois de juillet sur terre battue, je n’avais plus aucune énergie.

Q. Cette année 2013 a également été marquée par de nombreux débats autour des contrôles anti-dopage. Ton jeune compatriote Gianluigi Quinzi n’avait d’ailleurs pas manqué de défrayer la chronique en déclarant que l’on était en mesure de se poser des questions quant à des performances comme celles Djokovic.

F.F: C’est un sujet assez sensible. C’est normal que tous les joueurs, sans exception, subissent des contrôles. En ce qui me concerne, je me souviens d’en avoir passé pas mal l’année dernière. Ca fait partie de notre métier et je n’ai aucun problème avec ça. Je n’ai rien à cacher.

Q. Comment situerais-tu le tennis italien au niveau mondial? Quand on voit des pays comme l’Espagne, la République Tchèque ou encore la Croatie réaliser autant d’exploits en Coupe Davis, on se demande si un pays comme l’Italie* aura un jour sa chance.

F.F: Cette année nous avons très bien joué. Nous avons perdu contre le Canada en quarts. C’est d’ailleurs dommage que Bolelli n’ait pas pu jouer cette rencontre car nous formons une bonne paire de double tous les deux. Ce point aurait pu changer la donne. Nous sommes une bonne équipe et nous avons les moyens d’aller bien au délà des quarts de finale.

Q. Quand les choses ne prennent pas la tournure espérée, tu as tendance à montrer beaucoup de signes de nervosité et t’emporter assez rapidement. C’est la même chose en de hors du court?

F.F: Le problème c’est justement que je suis quelqu’un de complètement différent dans la vie de tous jours! Je suis plutôt humble et réservé. A vrai dire je n’aime pas beaucoup parler.

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Q. Pour le commun des mortels, la vie de joueur de tennis professionnel s’apparente à un rêve: voyages, hôtels de luxe, meilleurs restaurants… On imagine que la famille, et la maison doivent manquer parfois. Qu’est-ce qui tu regrettes le plus quand tu es sur le circuit ?

F.F: C’est vrai que nous avons un très bon train de vie mais ça n’empêche pas qu’il faut travailler dur. Les gens pensent que les voyages et les hôtels toutes les semaines c’est le top. Mais je peux leur assurer qu’être loin de chez soi 40 semaines par an en ayant toujours la tête dans les valises c’est loin d’être la paradis. Mais j’ai la chance que mon équipe, mes parents, ma soeur, ma copine et quelques fois mes amis viennent me rendre visite dès que leur travail le leur permet. Ca aide.

Q. Tu as quatre tatouages dont un qui fait beaucoup parler: un des sept nains, Grincheux, tatoué sur une cheville. Un rapport avec ton caractère?

F.F: Grincheux, oui. C’est comme ça qu’on m’appelle à la maison parce que, comme lui, je suis tout le temps en train de me plaindre. (rires)

Q. En parlant des sept nains, d’après toi, quels joueurs ou joueuses pourraient compléter la liste et incarner Prof, Joyeux, Timide, Atchoum, Dormeur et Simplet?

F.F: Mmmm… Alors là, aucune idée (rires).

Q. Qui dit nouvelle année dit généralement bonnes résolutions. As-tu une mauvaise habitude que tu aimerais perdre?

F.F: Pas vraiment, je suis plutôt du style “Aime moi ou Déteste moi”. Que ce soit dans les bons ou les mauvais moments.

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Q. Le changement qui, selon toi, ferait le plus de bien au tennis?

F.F: Que les joueurs qui ne sont pas classés dans les 100 premiers soient mieux rémunérés. C’est très dur pour eux. Je sais trop bien ce que ça coûte de jouer au tennis, devoir payer un entraîneur… Sans parler des frais engendrés par les déplacements (avions, hôtels, etc…)

Q. Avec quels joueurs préfères-tu passer ton temps libre lorsque que tu es sur le circuit?

F.F: Je passe beaucoup de temps avec les Italiens, surtout avec Bolelli qui est aussi mon partenaire de double. C’est un très bon ami mais je m’entends très bien avec Seppi, Starace et les autres. J’ai aussi de très bons contacts avec les Espagnols.

Q. En 2014, Fabio Fognini rejoindra-t-il la sphère Twitter?

F.F: Je n’en sais rien. Pour l’instant je m’en tiens à Facebook et Instagram. J’avais créé un compte Twitter mais je l’ai effacé. Il y a beaucoup de malades sur les réseaux sociaux… Mais peut-être qu’un jour… vous me verrez réapparaître ☺

Q. Un souhait pour cette nouvelle année?

F.F: La santé, la santé et la santé. C’est le plus important pour moi, pour être compétitif à 100%.

* Corrado Barazzutti, demi finaliste à l’US Open (1977) et Roland Garros (1978) avait atteint son meilleur classement en 1978 (7ème).

* L’Italie n’a remporté la Coupe Davis qu’une seule fois, en 1976, en s’imposant face au Chili.

Propos recueillis par Charlotte Ezdra

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